Chouette, on est en campagne !

Publié le par Campeo - Yann Compan

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Biais du quinquennat pour beaucoup, la campagne pour les présidentielles de 2012 a bel et bien commencé !

 

Les élections régionales ont en effet marqué très nettement le début des mouvements dans les différents partis politiques. Les résultats ont permis a beaucoup de se positionner et de préparer l'échéance de 2012.

Les commentateurs politiques ne s'y trompent d'ailleurs pas en projetant systématiquement, au lendemain du scrutin du 21 mars, les rapports des forces en présence, les intentions potentielles et les éventualités de victoire, sondages à l'appui. Toutes les attentions sont concentrées sur les présidentielles.

 

Les deux ans (à peine en réalité) qui nous attendent promettent d'être riches en rebondissements.

 

Faisons un tour rapide des enjeux clés qui seront à coup sûr au centre du débat et marquerons cette campagne qui démarre :

 

Les candidats : poussez-pas derrière !

Ils sont nombreux !

A gauche tout d'abord. La récente victoire aux régionales donne un peps certain à Martine Aubry et à ses camarades qui se verraient bien jouer un rôle dans les années à venir. Hormis la secrétaire nationale, Manuel Valls voudrait faire peser la voix (la voie ?) du renouveau. L'inimitable Ségolène Royal, renforcée par sa large victoire en Poitou-Charentes veut y aller, c'est une certitude. Même seule ? Jack Lang se positionne également en homme d'expérience au dessus des mics-macs politiques, la voix de la raison en quelque sorte (la voix de son maître aussi ?). Mais que dire de Laurent Fabius ? Il réfléchit, entretient ses réseaux. Il y a aussi François Hollande, relooké pour l'occasion qui se prépare et travaille d'arrache-pied. Sans compter sur Benoît Hamon qui doit y penser et Arnaud Montebourg qui doit en rêver... Et Dominique Strauss Kahn regarde ça de loin en hochant la tête.

Aux prétendants socialistes, il convient naturellement de rajouter Jean-Luc Mélanchon, un éventuel baroude d'honneur du PC (Mare-George Buffet ?), et la croisade anti-capitaliste d'Olivier Besancenot...

 

Important également, les régionales l'ont montré, les Verts pèseront dans la bataille. Daniel Cohn Bendit jure ses grands dieux qu'il n'en veut pas. Les dernières rumeurs évoquent une candidature unique avec le PS. Pourtant Cécile Duflot pourrait tenter le coup.

 

Et à droite ? Plus compliqué. Plus compliqué car le parti majoritaire au pouvoir (UMP) dispose d'un candidat naturel que peu d'intrépides osent contester, pour le moment. L'évidence semble donc prôner pour la candidature du Président de la République, Nicolas Sarkozy. Nous en reparlerons plus loin, c'est un cas à part. Dominique de Villepin veut jouer sa partition. Ses récentes déclarations et les soutiens de nombreux clubs et autres comités sur Internet en attestent. Alain Juppé ? Pourquoi pas ? Au cas où. Jean-François Copé ? Pourquoi pas? Au cas où. François Fillon ? Porté par les sondages, plus "populaire" que son patron auprès des français et des élus UMP, il doit quand même se poser des questions. Le centre (nouveau ou pas, avec les radicaux ou pas, en récupérant les restes du MODEM ou pas, bref le centre) voudra présenter son challenger. Hervé Morin ? Corinne Lepage ?Jean-Louis Borloo ?

 

Reste le cas François Bayrou. Focalisé sur l'échéance présidentielle, on le voit mal rater le rendez-vous.

 

> Primaires : ouvertes ou limitées?

PS comme UMP ont annoncé l'organisation de primaires pour départager les candidats. Nous entrons de plain pied dans un système à l'américaine où démocrates et républicains animent dans chaque état une pré-campagne archi-médiatique et très suivie pour la désignation de leurs poulains respectifs.

Cette nouveauté dans le système politique français pose des questions d'organisation fondamentales. En effet, faut-il des primaires ouvertes aux sympathisants ou limiter aux seuls adhérents de chaque parti ? C'est la question qui se pose à gauche notamment, Ségolène Royal défendant la plus large ouverture possible plus favorable pour elle.  Dans tous les cas, l'organisation de primaires entament un peu plus le temps de campagne restant avant le premier tour...

 

> Nicolas Sarkozy : ira, ira pas ?

Nous avions déjà écrit à ce sujet. Il semble n'y avoir que peu de doutes désormais sur ses velléités. François Fillon en est convaincu, les proches du Président aussi. L'Elysée serait même à la recherche d'un nouvel inspirateur à l'instar d'Emmanuelle Mignon pour la campagne de 2007. On parle de Nathalie Kosciusko Morizet pour insuffler un nouvel élan et apporter les idées fraîches indispensables pour 2012.

 

> Parti Socialiste : demandez le programme !

Fort de sa victoire aux régionales, le PS, confortés par les sondages, se voit déjà rue du Faubourg Saint Honoré en 2012. Cependant, l'arbre ne doit pas cacher la forêt. A ce jour, le parti ne dispose d'aucun programme alternatif, d'aucune vision de gouvernance pour succéder à Nicolas Sarkozy. Les forts en thème du PS doivent donc se mettre très vite au travail pour offrir aux français une proposition crédible censée conduire le pays pendant le prochain quinquennat. En outre, les régionales ont conforté en premier lieu les présidents de région avant l'appareil central qui reste fragile.

 

> François Bayrou : est-ce que quelqu'un m'entend ?

"Ne pas tirer sur l'ambulance", c'était un des derniers commentaires sur ce blog. Certes. Mais la stratégie intermédiaire de François Bayrou est sans conteste un échec. Cela a été dit et répété, à force de se focaliser sur son ambition personnelle et de gérer le MODEM de manière despotique, il s'est privé d'un outil de campagne et d'une source de financement indispensable pour disputer la compétition. Aujourd'hui bien seul, privé d'élus locaux, l'ascension du sommet présidentiel se complique pour François Bayrou sans camp de base solide. Mais nul doute qu'il ira, il ne pense qu'à ça. A moins qu'il ne joue le poste de futur premier Ministre.

 

> Thèmes de campagne : le jeu de la vérité (fiscale)

Si Nicolas Sarkozy avait capitalisé en 2007 sur la rupture et la présidence du pouvoir d'achat, la crise est venue changer la donne et les français sont expressément et visiblement déçus par le manque de concrétisation des ces promesses.

Il va falloir trouver d'autres sujets porteurs pour remotiver l'esprit de vote et redonner confiance aux électeurs.

Les déficits croissants, notre train de vie au dessus des moyens du pays, l'endettement, la compétition mondiale, la formation font désormais partie des priorités nationales auxquelles ils va falloir s'attaquer vraiment. Les candidates ou les candidats devront tenir un discours de vérité aux français. Les vieilles recettes ont fait leur temps et les arguments prônant la réduction "light" des coûts et invoquant la réduction des déficits par la croissance ne sont plus crédibles. Certes, la France absorbe la crise mieux que les autres pays grâce à son matelas social, mais on sait aussi que la reprise économique et la croissance sont de fait plus molles qu'ailleurs. Il ne faut donc pas uniquement compter sur cet aspect pour combler nos abysses. Idem pour le chômage. Il faudra donc être clair avec les électeurs et mettre le pays face à ses responsabilités : les efforts vont être inévitables.

Le programme passera donc forcément par des aspects nouveaux de politique fiscale, des évolutions de l'impôt, des réductions drastiques des effectifs publics...

 

> Electeurs : "la méfiance est mère de la sûreté"

Oui, ne pas les oublier ! Echaudés par les tentatives à droite et à gauche, ils manquent cruellement de confiance dans leurs hommes politiques. Ils vont regarder à deux fois (voire plus) avant de mettre le bulletin dans l'urne. A force de distance et d'incompréhension, l'abstention guète. La classe politique toute entière devrait s'en émouvoir plus qu'elle ne l'a montrée jusqu'alors. Les électeurs ont le profond sentiment qu'on ne les écoute pas et qu'on se préoccupe de tout sauf de leurs problèmes de la "vraie vie". Il ne faudra certes pas tomber dans le populisme, mais prêter une oreille attentive, et j'ose dire sincère, aux messages délivrés depuis déjà plusieurs consultations.

 

> Front national : l'édulcorée Marine Le Pen

Bien formée, habile politicienne, elle a hérité de son père un charisme certain et semble être le meneur qui permettra au FN de poursuivre ses aventures malgré un score en recul en nombre de voix aux dernières régionales. En fait, le talent de Marine Le Pen réside dans la fait de s'être adaptée à son temps, de rendre le discours du parti frontiste plus acceptable (SIC). Loin de se focaliser uniquement sur l'immigration et les thèmes récurrents de l'extrême droite depuis..... très très longtemps, elle séduit les couches populaires en leur parlant économie, sauvegarde de l'emploi, préservation de l'industrie nationale, défense des faibles contre les méchants gros actionnaires ventrus. Tiens, ça me rappelle quelque chose ça.... Des solutions simplistes certes (on parlait de populisme plus haut) mais qui font mouche ! Elle aura donc un rôle à jouer en 2012. La droite républicaine aura bien du mal cette fois à attirer les électeurs qui avaient rejoint ses rangs en 2007 séduits par le discours offensif et volontaire du candidat Sarkozy.

 

> Dominique Strauss-Kahn : le retour du candidat prodigue

Je parlais des comités de soutien pour Dominique de Villepin plus haut... Ce dernier pourrait être jaloux de la fébrilité qui anime les supporters du président du FMI. Ils s'organisent, préparent le retour de leur messie activement. Même les barons socialistes locaux ne cachent pas leur préférence... Les places de premier ministrable se disputeraient-elles déjà ? On a beaucoup lu sur la candidature potentielle de DSK, je ne referai donc pas un long laïus sur le sujet. Les avis semblent unanimes, il lui faudra une campagne courte et surtout l'envie de se replonger dans les frasques politiques nationales et du parti socialiste...

 

La liste des points d'accroche pour cette campagne n'est pas exhaustive. Mais avec une vingtaine de candidats, une sortie de crise à gérer, un désamour prononcé des français, des réformes incontournables et douloureuses à mettre en oeuvre, des luttes intestines au sein des partis, les deux ans qui viennent promettent d'être palpitants.

Publié dans Les mots Campeo

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G
<br /> Bonjour,<br /> <br /> - Pour le respect du code électoral et de l'inscription sur les listes électorales (cf. art L9 du code électoral).<br /> <br /> - Pour le vote obligatoire sous contrainte d'amende et de déchéance des droits politiques liés à la citoyenneté (tels que définis à l'art 10 de la déclaration des Droits de l'Homme et du<br /> citoyen).<br /> <br /> - Contre les primaires. L'esprit gaulliste de la 5ème, c'est la rencontre d'un homme (ou d'une femme, tant que Dieu nous préserve de la folle du Poitou et de la Dame patronesse de la rue de<br /> Solférino) et du peuple. Les primaires, c'est la meilleure façon d'avoir des projets politiques fades, contradictoires et incompréhensibles.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> On ne vient pas pour rien, avec un même contenu certains blogs nous font 20 posts...<br /> Au delà de ma considération sans borne pour avoir noté l'existence du parti Radical, je voudrais attirer votre attention sur la question des primaires qui ouvrent deux débats<br /> - Les adhérents votants ouvrent-ils la porte à un droit de vote payant et un rappel de l'heureux temps des votes censitaires ?<br /> - La désaffection des urnes peut elle être traitée par un nouveau scrutin interne dont on sait pertinemment qu'ils sont le fruits d'une "démocratie positive" (démocratie arrangée) ?<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Bon, c'est vrai, le billet est un poil long....<br /> <br /> <br /> Remarques pertinentes cher Jérôme. A contrario, on pourrait dire que la désignation par les adhérents de leur candidat peut potentiellement provoquer un regain d'intérêt pour la chose politique<br /> via l'appartenance partisanne (dans le sens positif du terme) et éviter la désérrance de certains électeurs. On sait, heureusement ou malheuresement, que le "parti" est l'outil incontournable de<br /> la vie politique. Attirer des adhérents en les reponsabilisant sur la désignation d'un candidat peut provoquer des vocations et agréger des personnes aux idées neuves et dynamiques.<br /> <br /> <br /> Pour le reste, je ne savais pas qu'il y avait des arrangements en politique, tu me l'apprends <br /> <br /> <br /> <br />