Fonctionnaires ? Circulez !

Publié le par Campeo

Discrètement.
Sans badaboum ni trompettes.
Pendant que tout le monde se concentre sur les étapes du tour de France, Hadopi ou encore le tic-tac de Julien Dray, le parlement vient d'adopter une loi qui modifie profondément l'environnement de travail des fonctionnaires français.

Mo-bi-li-té !
Le mot est lâché, la réforme aussi.
Sans surprise, la majorité présidentielle a largement voté le texte de loi auquel s'est opposé l'ensemble des partis de gauche.

Sans surprise. De toute façon dès que l'on parle de fonction publique, les vieux démons ressurgissent. L'équation est simple : droite = pourfendeur organisé de fonctionnaires - gauche x (dogme indécrottable de la protection du service public en danger) = simili débat pas très concret.

Essayons, je dis bien essayons, de prendre un peu de recul, rien qu'une seule fois.

L'idée de fond part du constat que la mobilité professionnelle reste très faible dans l'administration française. Moins de 5% des agents change de secteur durant leur carrière. Le gouvernement choisit donc de bousculer les règles et de favoriser la circulation dans les corps d'état. Pourquoi pas ? Ce système fonctionne très bien dans le privé, c'est même une de ses caractéristiques fondamentales. Par ailleurs, nul ne peut nier (en fait si, certains le font) que le monde change, la France change, l'état de nos finances change, les besoins des citoyens changent... Il peut donc être opportun d'initier cette mobilité maintenant pour s'adapter à cette nouvelle donne générale. On ferme des implantations militaires ? Qu'à cela ne tienne, les fonctionnaires peuvent anticiper et changer d'activité.

Oui, mais bon. La mobilité n'est pas un terme encore très "hype" dans l'administration française. Si le secteur privé a besoin de cette faculté, principalement pour équilibrer naturellement le rapport de force entre salariés et patrons (je suis libre de te quitter si tu ne me donnes plus satisfaction) et répondre à l'évolution constante du marché (disparition de pans entiers d'activités avec reclassement du personnel), le public, lui, prône plutôt la stabilité.
Les candidats aux différents concours recherchent une continuité dans leur progression au sein de la même administration et veulent être rassurés sur la pérennité de leur emploi, en contrepartie, parfois, de salaires plus faibles..

Bref, un gros changement culturel. Voilà pourquoi je vous dis que cette loi, votée sans médiatisation, pourrait bien chambouler non seulement la mobilité des personnes au sein du service public, mais aussi la mutation d'administrations entières demain.
Il sera intéressant de suivre tout ça de très près et de voir comment réagissent les fonctionnaires à cette nouvelle opportunité-menace-force-faiblesse.

Publié dans Règlementation

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J
Un bémol cependant cette "loi" arrive un peu tard et "maltapropos" à l'heure où la séparation entre le monde de l'emploi publique et le monde de l'emploi privé est devenu quasi infranchissables... Des formations différentes, des plans de carrières différents, des rémunérations basées sur des concepts différents, une vie différente, des idées différentes sur tout, chacun ses écoles, ses temples et ses ghettos...
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